TAYLOR Julian

Biographie



Né à Paris en 1954

Peintre anglais né et vivant en France depuis 1975.

Étudie deux ans aux Beaux-Arts en Angleterre, puis continue en autodidacte

Expose depuis 1975



Fils du peintre anglais James Taylor, Julian Taylor étudie pendant deux ans les Beaux-arts en Angleterre. Mais un tel enseignement ne correspond guère à sa nature éprise de liberté, il décide de prendre en main lui-même sa formation.

En 1975, il s’installe définitivement en France.

Julian Taylor expose régulièrement dans les Salons parisiens (Automne, Artistes Français, Comparaison, S.N.B.A.) ainsi qu’au Salon d’Angers.

Il expose depuis 1975, dans diverses galeries en France, la plupart du temps, mais aussi au Canada, aux États-Unis, au Japon, en Afrique du Sud et en Suisse.

La peinture est toujours un défi. Un défi à l’image, au sens qui en découle et donc à l’interprétation qui diffère suivant la perception de chacun. La peinture est d’abord un langage, avec ses règles, ses moyens qui permet de transmettre à la pensée par l’intermédiaire du regard. Avec l’abstraction, la représentation a été oblitérée au profit d’une pure expression en prise sur la matière. Quelle que soit sa nature, la peinture donne à voir. Et elle raconte. Celle de Julian Taylor se plie à cette gageure indissociable de la figuration qui exige que l’image représentée puisse être comprise aussitôt que regardée. Mais l’enjeu serait trop simple. Surtout depuis l’apparition de la photographie. La relation à l’image est devenue ambiguë. Et la commence l’aventure.

Il ne s’agit rien de moins que d’outrepasser une littéralité tout en lui gardant l’apparence visuelle. C’est ainsi qu’insensiblement, Julian Taylor s’est éloigné de ce qui était au départ une pure observation, a franchi les limites du réel, pour rejoindre les régions du rêve, de l’immanence évasive. Le recours au dessin et à une composition précise n’en est que plus exigeant. Le passage de la signification du réel au mirage ne peut s’effectuer que grâce à un métier accompli que Taylor possède. La ligne nerveuse fouille l’espace, installe le sujet. Comme une vrille elle creuse, fait monter les volumes, des détails s’énoncent. Bientôt tout se répond dans cette mise en scène des formes concises, de l’équilibre des traits, de leur justesse dans leur fonction à sous-tendre le rythme, ordonnateur de l’espace.

Julian Taylor nous donne à voir. De quel ordre est cette histoire silencieuse qu’il nous offre et dont on perçoit insidieusement le caractère insolite ? Que se passe-t-il alors pour que ce réel, qui est celui d’un monde quotidien se déplace ainsi vers l’étrange ? Des façades d’un autre temps, des murs dressés devant quel secret ? Des palissades offrant leurs espaces aux derniers poètes de la rue, c’est tout cela que Julian Taylor rassemble. Des fragments d’architecture d’une urbanité oubliée par les temps modernes, qu’il nous apprend à regarder autrement. Son pinceau dissèque chaque détail, en miniaturiste rompu aux difficultés d’un graphisme mimétique. Dans un vertige de droites et d’arabesques se lisent décrochements des toitures, façades et devantures, carrefours, antennes et enchevêtrement de fils électriques mais aussi arbres et coques de bateaux. Une complexité syllabique pour une lisibilité d’un réel capturé qui ne s’en tient pas là.

A bien regarder, le réel se décale. Il oblique notre regard. Ce tour de passe-passe, Julian Taylor le réussit par la peinture. La couleur s’évade et la beauté se glisse dans ce volet écaillé par les intempéries en offrant une couleur connue d’aucune palette. Ici ce sont des affiches recomposées par le hasard, redistribuant avec fantaisie couleurs et textes. La palette de Julian Taylor sonne et résonne dans une ivresse colorée rare. Une métamorphose chromatique pour exprimer la poésie discrète d’un petit port de pêche à marée basse, d’une arcade de soutènement dans la vielle ruelle d’un village, du garage qui a conservé sa pompe à essence d’un rouge éclatant, du café arborant telle enseigne pour un alcool célèbre, alors que des panneaux de signalisation font de la figuration pour une circulation fantomatique. Humour, tendresse, clin d’œil sont distillés dans ces scènes qui nous apparaissent familières. Les pavés résonnent encore des pas des habitants absents, suggérés par une bicyclette en attente, une porte entrouverte. La vie est suspendue.

Tout est dit et sous-entendu. Un vent de liberté nous entraîne à sa suite pour transfigurer la banalité. Julian Taylor avoue son bonheur de peindre dans ses bleus, ses verts, ses rouges, en répandant par touches audacieuses les couleurs du prisme ou le noir, les blancs et ocres ponctuent les stridences d’une palette saturée. Alors, le mirage a lieu. L’œil se perd dans ces harmonies qui allient densité et transparence afin de mieux nous piéger dans l’illusion du réel.


Lydia Harambourg
Historienne, Critique d’art.

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